Le logement du futur, plus intelligent et plus vert !

Plus autonome, plus connecté, acteur de la transition énergétique et du maintien à domicile. Innovant et audacieux, le logement de demain saura aussi s’adapter aux mutations sociales. Du nouveau, à tous les étages.

Votre véhicule autonome vient de vous déposer sur votre terrasse. Dans quelques minutes, il repartira, seul, récupérer votre femme et vos enfants, à la sortie de l’école. Au 44ème étage de votre tour végétalisée, vous pouvez commencer à vous détendre, l’appartement se met en mode week-end, il sait qu’à ce moment précis, vous appréciez un bon disque de jazz, les volets en matières composites tamisent les rayons du soleil grâce à une inclinaison parfaite, la température est optimale. Vous jetez un œil sur votre smartphone, il ne vous signale aucun incident dans la journée, exceptée une coupure d’eau dans le système d’arrosage intégré du jardin partagé de la résidence, installé sur le toit. Demain, vous irez cueillir des légumes de saison à 120 mètres d’altitude.

Pas de bruit, pas de pollution, vous respirez et vous admirez la vue imprenable. Les bâtiments ne consomment plus d’énergie, ils en produisent grâce à de nouveaux matériaux capables d’emmagasiner et de redistribuer la chaleur dans le réseau urbain. Votre logement intelligent vous protège, vous rend la vie plus facile et vous connecte en permanence avec la ville et le monde.

Le bâtiment acteur de la transition énergétique

Vision idyllique, utopie d’urbanistes ? Toutes les technologies existent aujourd’hui pour bâtir des villes plus vertes et  penser le logement autrement. L’habitat, qui consomme  plus de la moitié de l’énergie du pays, peut devenir dans un futur proche, un véritable acteur de la transition énergétique, grâce à l’intelligence artificielle. Bien sûr, le chantier est colossal, les défis sont à la fois technologiques, économiques et sociétaux. Face au réchauffement climatique, à la raréfaction des ressources et au vieillissement, repenser notre façon d’habiter et de cohabiter devient indispensable.

Dans une récente étude sur les évolutions du logement à l’horizon 2050, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) rappelle que la population française sera passée de 64 à  72 millions d’habitants, 60% des Français vivront en habitats collectifs. Le rythme de 300 000 logements construits par an devrait rester à peu près stable, mais tous les bâtiments existants devront être rénovés pour passer de 190 kWh/m², de consommation moyenne par logement et par an, à 75 kWh/m²/an.

« L’impact des logements sur l’environnement commence dès la fabrication des matériaux de construction et va jusqu’à leur fin de vie, avec leur démolition et leur recyclage, souligne l’ADEME. L’écoconception des matériaux et la pratique de l’économie circulaire se généraliseront pour limiter l’empreinte du secteur sur l’environnement. »

Des logements producteurs d’énergie

De nombreuses solutions permettent de développer des constructions utilisant des matériaux d’origine naturelle ou issus du recyclage : bois, paille, terre, fibres végétales, liège, chanvre ou laine… Des matériaux innovants apparaissent comme les vitrages actifs qui laissent passer le rayonnement solaire en hiver et le bloquent en été, ou encore les matériaux polyvalents comme les tuiles solaires capables de valoriser l’énergie photovoltaïque ou thermique.

Les éléments préfabriqués, permettant de réduire les déchets de chantier, les kits d’assemblage, moins coûteux et les matériaux réutilisables après déconstruction devraient connaître un bel essor. Autant de techniques qui conjuguent économies et environnement.

Les bâtiments basse consommation (BBC), les maisons passives ou à énergie positives deviennent progressivement la norme, avec l’évolution des règlementations. « Demain, ils pourront produire leur propre énergie (bois, solaire, géothermie) et partager le surplus via des réseaux de chaleur ou électriques capables de stocker l’électricité pour différents besoins collectifs comme les bornes de recharge pour véhicules, précise l’ADEME. Grâce aux compteurs communicants,  qui assurent une gestion plus fine des besoins de consommations, il devient aussi possible de mixer des énergies renouvelables intermittentes comme l’éolien ou le solaire. »

Laisser entrer la nature

Dans les vingt prochaines années, la ville devra faire une place à la nature, partout où cela est possible, afin de réguler la température, améliorer le cadre de vie, rafraîchir l’habitat. La végétalisation des bâtiments existants et la création d’ilots de fraicheur commencent à être intégrés dans les projets de rénovation urbaine.

Dans les cartons des urbanistes, des projets très audacieux fleurissent, en France et dans le monde, mêlant architecture très innovante, espaces verts, jardins verticaux et fermes urbaines.

A Milan, le Bosco Verticale a montré la voie en 2014, un ensemble de deux tours de 110 et 76 mètres, avec jardins à tous les étages, 20 000 plantes et arbres au total. En Chine, deux tours sont en construction à Nanjing et une  « cité forestière » de quelque 200 bâtiments doit surgir à Liuzho. Il ne s’agit pas seulement d’expérimenter mais de bâtir pour offrir un véritable lieu de vie différent où la nature n’est pas réduite au simple rôle d’ornement. L’enjeu est colossal, les métropoles vont enfler d’ici 2050, elles ont besoin de respirer.

A Paris, le projet « Mille Arbres », propose un pont de verdure enjambant le périphérique, un superbe bâtiment de 100 mètres sur 60 mètres, mixant 127 logements, hôtel et bureaux, une étonnante réalisation qui pourrait être livrée en 2023.

A Toulouse, c’est une magnifique tour jardin de 150 mètres de haut qui va s’élever près de la gare, sur 38 niveaux, accueillant 100 logements, un hôtel, des bureaux, terrasses et commerces. La Tour Occitanie, véritable ruban végétal, va changer d’aspect en fonction des saisons, une éclosion prévue en 2022.

La domotique : oui, si c’est facile !

Depuis quelques années déjà, la domotique est entrée dans nos maisons de plus en plus intelligentes. Des systèmes centralisés, permettent de gérer, sur place, ou à distance (iPhone, écrans tactiles, télécommande) surveillance, sécurité, alarme, chauffage, climatisation, éclairage, ensoleillement, volets roulants, automatisation (portail, garage, arrosage…). Comme l’a expliqué Dominique Cottineau, de Promotelec (association qui réunit acteurs du bâtiment et associations de consommateurs), lors de la Convention annuelle de la Fédération française de domotique, « Il subsiste encore des craintes, liées aux coûts, au sentiment de perte d’autonomie, et à la peur d’être espionné. 60% des Français jugent  la maison intelligente souhaitable et 70%  probable. Elle doit libérer du temps et faciliter la vie quotidienne, il faut maintenant convaincre les plus sceptiques en travaillant sur l’expérience client, les attentes et les usages. »

Si 69 % des Français, selon un sondage Promotelec, sont  persuadés que les objets connectés vont leur permettre de mieux organiser leur vie, ils sont 80% à ne pas vouloir perdre du temps pour savoir comment ça marche. Tous les professionnels du secteur l’affirment, la simplicité d’utilisation des objets connectés est la condition essentielle du développement de la domotique.

Interactions et adaptations

Pour comprendre l’impact de la technologie sur nos conditions d’habitation et les  interactions avec  le logement dit intelligent, une démarche inédite, baptisée « Human at Home » est menée à Montpellier par 12 laboratoires universitaires et sept entreprises. « Deux étudiants volontaires vivent dans un appartement-observatoire, comme s’ils étaient chez eux, depuis la rentrée 2018, explique Malo Depincé, coordinateur du projet. Pendant 10 mois, une soixantaine de chercheurs (économistes, juristes, électroniciens, architectes, spécialistes de la santé, du comportement, du langage…) va analyser le comportement de ces jeunes locataires, leur degré d’acceptabilité, leur évolution dans le temps… »  Sans entrer dans l’appartement, doté de tous les capteurs d’une maison intelligente. Les premiers résultats seront communiqués en septembre prochain.

L’une des plus fortes attentes des Français par rapport à la domotique concerne le maintien à domicile. Téléassistance, téléalarme, détection des chutes, prévention des accidents domestiques, capteurs de mouvements, éclairages automatiques, ouverture  des portes et fenêtres, appareils à commandes vocales… Les solutions technologiques se multiplient. De nombreux labos de recherche et entreprises croisent leurs savoir-faire pour développer des équipements et applications permettant aux personnes valides d’anticiper la dépendance et aux personnes dépendantes, handicapées ou malades de vivre chez elles dans les meilleures conditions possibles.

Le logement du futur doit aussi s’adapter aux mutations sociales. Face au vieillissement, aux transformations de la cellule familiale et aux évolutions des modes de vie, nous aurons besoin de logements plus petits, modulables, adaptables, intergénérationnels, coopératifs ou partagés. L’intelligence artificielle peut aussi générer de la solidarité.

Tendance

  • 58% des propriétaires pensent que l’avenir est à la maison automatisée, soit +10 points par rapport  à 2013
  • 3 motivations  principales pour s’équiper en domotique : l’utilisation  du très haut débit, l’adaptation  au vieillissement, la meilleure  gestion du chauffage
  • 48 % se déclarent prêts à investir dans leur logement pour  y vivre plus longtemps
  • 67 % sont prêts à maintenir une personne  âgée  chez elle en l’équipant de solutions domotique
  • 45 %  des 70 ans et plus sont prêts à programmer et  piloter leur chauffage pour faire des économies d’énergie
  • 44 % estiment important de disposer d’un écran fixe ou mobile  pour mieux connaître ses consommations
  • 60% des moins de 40 ans sont prêts à programmer et piloter  leur chauffage pour faire des économies d’énergie
  • Source : Enquête Promotelec/Ipsos • Les Français et la domotique

Marc Pouiol

Source : 25 millions de propriétaires • N°mai 2019


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