L’été, les résidences situées dans les zones touristiques voient leur quotidien bouleversé. Entre les valises à roulettes dans les escaliers, les bruits inhabituels la nuit et le turnover permanent dans les appartements, la tranquillité des copropriétaires peut être mise à rude épreuve. Les locations saisonnières, notamment via Airbnb ou d’autres plateformes de court séjour, deviennent alors une source croissante de tensions. Mais faut-il pour autant les interdire ? Et surtout, comment encadrer cette pratique sans compromettre les droits des propriétaires ni détériorer la qualité de vie des résidents permanents ?
Juridiquement, louer son bien en saisonnier est un droit pour tout copropriétaire, à moins que le règlement de copropriété ne l’interdise expressément. En l’absence de clause restrictive, la location courte durée est légitime, à condition qu’elle ne dénature pas la destination de l’immeuble, notamment s’il est à usage exclusivement bourgeois. Mais dans la pratique, ce droit s’accompagne de devoirs, à commencer par celui de veiller à ce que les locataires respectent la vie collective de l’immeuble.
Les nuisances liées à ces séjours express sont nombreuses : bruits répétés en soirée, usage inapproprié des équipements communs, mauvaise gestion des déchets, perte de sécurité liée aux entrées et sorties fréquentes… Et c’est souvent le sentiment d’impuissance des autres copropriétaires qui alimente le climat conflictuel. Car si les locataires repartent au bout de quelques jours, les désagréments qu’ils laissent derrière eux persistent.
Le syndic a pourtant un rôle central à jouer. Il peut rappeler les règles de bon usage des parties communes, alerter les copropriétaires bailleurs en cas de manquements répétés, voire engager une action si la situation dégénère. Il peut aussi inscrire la question à l’ordre du jour de l’assemblée générale pour que la collectivité délibère sur les mesures à adopter.
En amont, une copropriété peut également faire évoluer son règlement. Certains syndicats de copropriété choisissent de :
– limiter le nombre de nuitées autorisées par an,
– exiger une déclaration préalable auprès du syndic,
– ou encore désigner une personne de contact en cas d’incident.
Ces décisions nécessitent une majorité qualifiée en assemblée générale et doivent respecter la législation en vigueur. Mais elles permettent de créer un cadre clair et d’éviter les conflits récurrents.
Dans les copropriétés où la tension monte chaque été, la prévention reste l’arme la plus efficace. Il est possible de :
– impliquer les copropriétaires bailleurs,
– leur fournir une charte à remettre aux locataires,
– informer clairement sur les horaires de silence,
– et encadrer l’usage des équipements communs.
Certaines copropriétés rédigent même une charte éthique ou un livret d’accueil à destination des vacanciers, pour rappeler les règles de vie collective, les consignes de tri et les usages attendus dans l’immeuble.
On voit aussi émerger des initiatives collaboratives comme :
– un groupe WhatsApp entre copropriétaires pour signaler en temps réel les comportements inappropriés,
– ou la désignation d’un "référent tranquillité".
Ces démarches, sans portée juridique, renforcent néanmoins le dialogue, préviennent les excès et encouragent la responsabilisation des bailleurs.
Enfin, le facteur humain reste essentiel. Les conflits autour des locations saisonnières révèlent souvent un manque de communication. Échanger en assemblée, poser les enjeux et trouver des solutions collectives reste plus efficace que les procédures juridiques. Dans les zones touristiques, la cohabitation entre résidents permanents et vacanciers est devenue inévitable. Il vaut mieux l’organiser intelligemment que la subir passivement.
? L’enjeu n’est pas d’interdire, mais de poser un cadre serein, équilibré et respecté. Avec un règlement clair, un syndic réactif, des copropriétaires impliqués et une communication fluide, il est tout à fait possible de concilier rentabilité locative et qualité de vie.
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