ÉCLAIRAGE - C’est une préoccupation des Français, ravivée un peu plus encore à l’approche de la grande transhumance estivale. Les cambrioleurs ne prennent pas de vacances, juillet-août reste une période bénie. Pourtant, les cambriolages n’ont pas lieu uniquement durant l’été, la nuit tombée, dans une maison vidée de ses occupants et située dans un grand centre urbain. Sur le sujet, il demeure encore de nombreuses idées reçues.
Par Christophe Demay, journaliste
Le nombre de cambriolages a explosé
Peut-être en parle-t-on davantage aujourd’hui qu’auparavant, mais c’est faux. Effectivement, les deux années de Covid ont au moins eu le mérite de mettre au chômage les cambrioleurs, mais sitôt la crise sanitaire passée, ils ont repris leur activité. Selon le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI), 218 000 méfaits ont été recensés en France en 2024, un niveau quasi identique à l’année précédente.
Un cambriolage toutes les deux à trois minutes, cela fait beaucoup. Pourtant, le nombre de cambriolages n’a pas franchement explosé ces dernières années : en 2019, juste avant le Covid, on en recensait 236 000. Et si on remonte plus loin dans le temps, au début des années 1980, leur nombre avait allègrement franchi la barre des 300 000 par an.
Les cambriolages sont une préoccupation majeure des Français
C’est vrai, et c’est même la première crainte des Français quand on leur parle de sécurité à leur domicile. Selon le Baromètre A2P de la protection contre les cambriolages 2024, 83 % des Français se disent « préoccupés » et 33 % même « très préoccupés ». Et c’est encore plus vrai à l’approche des vacances. Un Français sur deux (47 %) ne part pas complètement serein, craignant de laisser son logement inoccupé durant l’été[1].
Si les Français redoutent autant une intrusion, c’est qu’à la différence d’autres risques, chacun a le sentiment que cela n’arrive pas qu’aux autres. Qui n’a pas été confronté à un cambriolage directement ou à travers un proche ? Toujours selon le baromètre A2P, un Français sur trois (29 %) a déjà été victime d’un cambriolage ou d’une tentative d’effraction. Pourtant, 42 % estiment que leur domicile n'est pas suffisamment protégé.
Les cambrioleurs préfèrent la ville à la campagne
C’est de moins en moins vrai. Sans surprise, sept cambriolages sur dix sont effectivement commis en ville, là où la densité est importante. Dans le triste palmarès des communes les plus cambriolées, on retrouve Paris et les grandes métropoles régionales Lyon, Marseille, Bordeaux, Lille, etc.
Jérôme Gorges, directeur marketing chez Verisure, observe que les campagnes ne sont plus épargnées. Les zones rurales enregistrent désormais 4,1 cambriolages en moyenne pour 1 000 habitations. On est loin de Paris (7,8 %) et des grandes métropoles (7,6 % en moyenne), mais cela montre combien le risque est réel dans ces territoires. « Ce que l’on voit en 2024, c’est que les cambriolages ne sont pas l’apanage des grandes villes. Ces dernières années, nous observons une forte augmentation en zones dites rurales, avec dans certains départements des croissances à deux chiffres. »
En témoignent les ultimes statistiques du ministère de l’Intérieur. L’Ain, le Cher ou le Gers qui ne sont pas vraiment des départements très urbanisés, affichent désormais des taux de cambriolages élevés en 2024 (respectivement 8,5 %, 8 %, et 7,3 %). Autrement dit, proportionnellement, c’est davantage que le Nord, le Bas-Rhin ou le Var pourtant bien plus denses.
Les cambrioleurs sont surtout des noctambules
C’est faux, c’est même tout le contraire. Plus des trois-quarts des cambriolages (76,4 %) sont perpétrés en journée[2]. La tranche 14h-18h est souvent appréciée des malfrats puisqu’elle concentre près de la moitié des intrusions en journée, mais le risque existe aussi le midi, en soirée, et même le matin. 11 % des cambriolages sont opérés entre 6h et 11h. À croire qu’ils ne dorment jamais.
Les cambrioleurs n’ont pas vraiment d’horaire, ils n’ont pas non plus de jour de prédilection puisqu’ils œuvrent sept jours sur sept. La fin de semaine et le début du week-end sont les jours les plus sensibles (avec 16 % de cambriolages sur le vendredi, 15 % le samedi), mais les cambrioleurs ne chôment pas non plus en début de semaine : le lundi, mardi ou mercredi enregistrent chacune 14 % des cambriolages.
Les cambrioleurs guettent les longues absences
C’est vrai, les grandes vacances et les fêtes de fin d’année sont les deux périodes enregistrant des pics de cambriolages, lorsque les Français partent en vacances. « En fait, la période estivale concentre à elle seule 25 % des cambriolages sur l’année, observe Jérôme Gorges. C’est une période très sensible, les objets de valeur restent à la maison et les cambrioleurs le savent. Or une maison inoccupée, ça se voit. »
Mais on aurait tort de penser que les cambrioleurs n’agissent que lors d’absences prolongées. La durée moyenne d’un cambriolage ne dépasse pas 10 à 12 minutes. Du coup, le temps d’aller faire une course ou de déposer les enfants à l’école, leur offre suffisamment de temps pour agir. D’autant que pour une absence aussi brève, on ne pense pas toujours à mettre l’alarme. Une victime sur deux avait quitté son habitation durant moins de dix minutes[3].
Les cambriolages sont opérés en l’absence du propriétaire
C’est encore vrai, mais peut-être pas dans les proportions que l’on imagine. Que la maison ou l’appartement soit occupé n’arrête plus les cambrioleurs. Quatre cambriolages sur dix ont désormais lieu alors que les occupants se trouvent chez eux.
C’est même une tendance remarquée par les professionnels du secteur. En 2024, 39,8 % des cambriolages ont été perpétrés alors qu’une personne se trouvait à l’intérieur contre 31,3 % seulement deux ans auparavant[4]. « Le fait que les habitants soient présents dans le logement n’est plus une barrière à l’entrée, déplore Jérôme Gorges. Et malheureusement, ces personnes font parfois usage de la force. »
Autre tendance malheureuse, les home-jacking (cambriolages avec violence commis au sein d’un domicile en présence des habitants) sont en croissance avec 515 cas recensés en 2023, en hausse de 8 % par rapport à l’année précédente. Même si ces cambriolages restent ultra-minoritaires dans la statistique de la criminalité, ils font beaucoup parler.
Les cambrioleurs préfèrent les maisons
Encore une idée largement reçue, partagée par presque neuf Français sur dix[5], mais totalement fausse. Les cambrioleurs ne ciblent pas seulement les maisons. Effectivement, les habitants peuvent avoir un sentiment de sécurité en appartement. Parce qu’il y a des voisins immédiats, parce qu’il faut souvent franchir d’abord le hall d’entrée, parce qu’il existe un gardien d’immeuble, etc. Les raisons pour se rassurer ne manquent pas. Malheureusement, cela ne freine pas les intrus.
Les appartements situés au rez-de-chaussée et au premier étage où les fenêtres se révèlent plus accessibles sont aussi très touchés par les cambriolages. Aucun palier n’est cependant épargné, même le dernier étage qui permet parfois de passer par le toit.
L’effraction reste le moyen privilégié
C’est vrai. On entend parler de vol par ruse, de cambriolages usant de gadgets technologiques, mais disons-le, les cambrioleurs sont rarement des petits génies débordant d’imagination. L’effraction reste de loin le principal mode opératoire dans 85,4 % des cambriolages[6]. Les vols par escalade (3,7 %) ou les entrées dans les lieux par ruse (2,6 %) restent franchement marginaux.
Les cambrioleurs vont souvent au plus simple, au plus rapide, deux tiers d’entre eux passent par la porte d’entrée qui reste le point vulnérable de l’habitation. Viennent ensuite les fenêtres, les baies, les portes de garage. En règle générale, il ne lui faut qu’une poignée de secondes pour forcer une fenêtre PVC. Une porte d’entrée peut lui donner davantage de fil à retordre, mais le cambrioleur est de nature impatiente : si la porte résiste, il n’insistera pas et prendra la fuite au bout de quelques minutes.
Les logements protégés par une alarme sont moins visités
C’est vrai. Une signalisation mentionnant un service de télésurveillance joue un rôle dissuasif. « C’est le premier rempart contre les cambrioleurs. Ils savent très bien que leur présence sera détectée et que l’alerte sera aussitôt donnée aux forces de l’ordre. Statistiquement, nous avons très peu de logements avec une signalisation victimes de tentatives de cambriolages », confie Jérôme Gorges.
40 % des cambriolages échouent grâce aux mesures de sécurité ou l’intervention des forces de l’ordre. Le cambrioleur sait qu’il est filmé, enregistré, que l’alerte a été donnée, il a beau être téméraire, il n’est pas (toujours) totalement stupide.
Le danger ne vient pas uniquement de l’extérieur
Quand on les interroge sur les risques existant dans le logement, les Français pensent d’abord au cambriolage. C’est souvent la première préoccupation, ce que l’on redoute le plus chez soi. Pourtant, le danger ne vient pas forcément de l’extérieur.
En France, chaque année, on compte davantage d’incendies que de cambriolages. Le bilan est lourd : 200 décès, près de 10 000 blessés et une facture qui se monte à plusieurs milliards d’euros de dégâts matériels pour environ 250 000 feux déclarés. Autre risque omniprésent dans le logement qui reste négligé, les accidents domestiques. Les accidents de la vie courante sont pourtant à l’origine de 20 000 décès par an en France et de 4,5 millions de personnes blessées.
Cambriolages, départs de feux ou chutes à domicile, la télésurveillance se révèle précieuse parce qu’elle permet de donner aussitôt l’alerte auprès des pompiers et des forces de l’ordre. « La télésurveillance permet de réagir en quelques secondes et de déclencher une action hyper rapide, témoigne Jérôme Gorges. Chaque année, nous avons de belles histoires de vies ainsi sauvées. »
Chiffre clé
7%
C’est le nombre de cambriolages élucidés en 2022.
Source : Ministère de l’Intérieur.
La technologie pour déjouer les cambriolages
RENCONTRE - Face à l’évolution des modes opératoires et pour répondre à une préoccupation croissante des Français, Verisure innove sans cesse. Jérôme Gorges, directeur du marketing et de la stratégie, évoque l’arsenal technologique développé pour déjouer les cambrioleurs.
Propos recueillis par Christophe Demay, journaliste
Comment se prémunir face aux cambriolages ?
« Il y a d’abord une série de conseils toujours bons à rappeler dans cette période estivale. Le propriétaire doit éviter de laisser traîner une échelle dans le jardin qui pourrait faciliter la tâche des cambrioleurs, demander à quelqu’un de relever son courrier pour éviter d’avoir une boite aux lettres engorgée, simuler une présence grâce aux objets connectée, éviter de trop étaler ses photos de vacances sur les réseaux sociaux, éviter les cachettes trop faciles comme les clés sous le pot de fleurs de l’entrée… Ce sont des gestes de bon sens pour que l’absence ne soit pas trop visible. »
L’objectif est donc de dissuader…
« Oui, d’abord dissuader les cambrioleurs puis les détecter avant même qu’ils ne pénètrent dans le logement. C’est là où la technologie se révèle importante pour donner l’alarme à la moindre tentative d’effraction. Par exemple, des capteurs de chocs installés sur les portes-fenêtres vont déclencher l’alarme dès qu’une vitre est brisée, ou une porte forcée. De même, chez Verisure, nous avons développé une serrure connectée qui donne l’alerte à la moindre tentative de crochetage. L’enjeu est de déceler toute tentative d’effraction au plus vite. Et au cas où le cambrioleur pénètre malgré tout dans le logement, nous disposons de moyens pour le faire fuir rapidement comme un brouillard opacifiant qui va empêcher l’intrus de visiter le logement. »
Et dans le cas où les cambrioleurs font usage de la violence ?
« Le home-jacking est une menace croissante qui nous amène à adapter notre réponse. Toutes nos installations sont équipées de boutons « SOS » parfois très discrets qui peuvent être utilisés à la moindre intrusion. L’alerte est prise en compte dans les 30 secondes dans un de nos trois centres de télésurveillance. Un agent certifié va alors s’employer à écarter les alertes déclenchées par inadvertance. Avec les caméras et le son, l’agent peut ainsi très vite lever le doute et alerter les forces de l’ordre grâce à une ligne directe. Si on appelle la police en leur indiquant que nous avons un cas de home-jacking avéré, croyez-moi la réponse est alors extrêmement rapide. »
La télésurveillance est-elle aussi efficace contre certaines menaces comme le squat ?
« Effectivement, le squat apparaît comme un risque dont on parle de plus en plus. En cas de squat, l’alerte doit être donnée le plus rapidement possible. La télésurveillance permet de déjouer les tentatives de squats en prévenant aussitôt les forces de l’ordre de l’intrusion. Le logement est ensuite sécurisé par nos soins jusqu’au retour de ses occupants. »
La technologie peut cependant être déjouée…
« Un cambrioleur peut couper la connexion internet ou l’alimentation en électricité, il peut aussi utiliser un brouilleur pour empêcher la communication avec le centre de surveillance. Nous disposons de batteries qui rendent l’installation autonome, un canal de secours pour alerter d’une tentative de brouillage… Nous développons sans cesse de nouveaux outils pour améliorer la détection et déjouer les cambriolages. Par exemple avec Wi-Fi vision, nous parvenons à détecter les perturbations des ondes renseignant sur la présence d’une personne, même dans une pièce dépourvue de caméras et de capteurs. Contre les accidents domestiques, cette technologie, associée à l’IA, peut aussi se révéler utile en détectant un corps allongé sur le sol sans même que la personne n’ait donné l’alerte. »
Comment utilisez-vous l’IA aujourd’hui ?
« L’IA nous permet de gagner en précision dans la détection. Par exemple, quand un mouvement est détecté dans un logement ou à l’extérieur, elle nous renseigne pour savoir si nous sommes en présence d’un humain, d’un animal ou d’un objet comme un robot aspirateur. L’IA nous aide ainsi dans notre levée de doute et nous fait gagner encore en rapidité. Qu’il s’agisse d’un cambriolage, d’un départ de feu ou d’une chute à domicile, il est essentiel que l’alerte soit donnée le plus rapidement possible. »