STRATÉGIE - Condensation de vapeur d’eau, infiltrations, remontées capillaires sont les principales causes d’un intérieur humide et un excès d’humidité dans une maison peut entraîner de nombreux dégâts. Une fois le diagnostic posé, des solutions existent pour pallier chaque problème, exigeant des travaux plus ou moins longs et onéreux. Par Sylvie Lenormand, journaliste
Un taux d’humidité trop faible ou trop élevé dans un logement peut avoir des conséquences sur le confort au quotidien et sur votre santé. Le taux recommandé est compris entre 40 et 60 %, à constater à l’aide d’un hygromètre. Si des taches d’humidité apparaissent sur les murs extérieurs, si les plâtres et les enduits intérieurs se détériorent, vous êtes sans doute concernés par des remontées capillaires, des infiltrations d’eau ou des phénomènes de condensation, principaux responsables d’une maison trop humide. Un logement sur cinq subit ce genre de désordres occasionnant un gaspillage de 30% d’énergie, mais aussi de mauvaises odeurs et des risques d’allergie, de sinusite ou d’asthme. Aérer une dizaine de minutes matin et soir permet d’assainir l’air, de ventiler et de faire disparaître l’humidité due à l’utilisation de la salle de bains ou la cuisine, mais pour les problèmes plus conséquents, seul un professionnel est capable d’identifier les causes et de prescrire les traitements adaptés. L’expert en études thermiques commence par vérifier le taux d’hygrométrie et sa conformité à la norme NF ISO 7730 qui définit les exigences à respecter tant pour l'ambiance générale que pour les paramètres d'inconfort local. En cas de moisissures, il prélèvera un fragment pour l’étudier en laboratoire et peut aussi utiliser une caméra infrarouge pour visualiser les infiltrations d’eau et les ponts thermiques afin de repérer précisément les points à traiter.
Maîtriser les infiltrations d’eau
En cas d’infiltrations, l’eau, après avoir imprégné la façade, envahit peu à peu l’intérieur de la maison. Les infiltrations sont souvent les conséquences de fuites sur la toiture, de gouttières ou de chéneaux défaillants ou qui débordent, de solins mal ajustés, de joints de portes ou de fenêtres non étanches ou encore de fissures dans les murs. Avant de traiter les dégâts, il est donc primordial de vérifier et de réparer les éléments défectueux. Il convient de remplacer les gouttières si c’est nécessaire, de renforcer et d’étancher les chéneaux, de changer une ou plusieurs tuiles si elles sont cassées ou poreuses ou encore de refaire les joints des menuiseries. Quel que soit le type de réparation requis, n’hésitez pas à faire appel à des sociétés spécialisées dans le traitement des infiltrations d’eau qui vous proposeront un diagnostic précis et gratuit avant la mise en œuvre de procédés. En cas de fissures dans les murs, si elles mesurent moins de 0,2 mm, un traitement hydrofuge suffit. Pour les fissures moyennes (inférieures à 2 mm), la mise en œuvre d’un revêtement imperméable s’impose et si le cas est plus grave (fissures de plus de 2 mm ou lézardes de plus de 1 cm), vous devez envisager des travaux de maçonnerie sur votre façade et injecter à l’intérieur du mur un produit hydrofuge qui va permettre de bloquer la progression de l’humidité et d’assainir la paroi. Cette technique peut aussi fonctionner en cas de remontées capillaires, sachant que le meilleur moment pour traiter les infiltrations se situe après une longue période de sécheresse.
Éviter les remontées capillaires
Les causes des remontées capillaires sont parfois difficiles à établir. Il peut s’agir d’eau qui stagne au bas des fondations ou de nappes phréatiques captées par les matériaux de construction naturellement poreux. Il est capital d’établir le bon diagnostic pour choisir la méthode la mieux adaptée au traitement du problème, car si l’eau ascensionnelle contient en plus des sels minéraux, l’apparition de salpêtre est inévitable. Dans le cas d’une construction neuve*, il est important de prévenir ces désordres en amont, en assurant un drainage efficace des fondations par un réseau de drains disposés tout autour de la maison. Pour la construction, il est important de choisir des matériaux respirants qui facilitent l’évaporation de l’eau et de placer des barrières étanches dans l’épaisseur du mur. Concernant les soubassements et leur étanchéité, il faut prévoir des systèmes qui évitent la capillarité, à placer à une hauteur minimale de 15 cm au-dessus du niveau du sol (non enterré). Cela peut être une feuille bitumineuse armée, une feuille plastique ou en polymère à poser entre deux couches de mortier de ciment. On préconise aussi le cuvelage à base d’enduits et d’adjuvants, à faire réaliser par des professionnels de l’étanchéité.
Traiter les remontées capillaires
En rénovation, il existe plusieurs solutions correctives pour les remontées capillaires. Elles sont plus ou moins lourdes à mettre en œuvre et plus ou moins coûteuses. Si un drainage périphérique n’existe pas ou a été mal conçu, il faut creuser une tranchée drainante le long des fondations de la maison. Elle facilitera l’évacuation de l’eau qui stagne en pied de mur et dans les soubassements du bâtiment pour éviter que cette eau ne vienne s’infiltrer et remonter dans les murs. Seul inconvénient, pour être installé, le drain périphérique nécessite de l’espace autour de la maison. Un autre procédé consiste à réaliser plusieurs perçages à la base des murs pour y injecter un mortier hydrofuge ou une résine hydrophobe qui va créer une barrière étanche dans l’épaisseur de la maçonnerie. Efficace immédiatement, cette injection coûte cher : de 20 à 200 euros du mètre linéaire, en fonction du type de résine utilisée et selon l’état du mur à traiter. La technologie ne cesse de progresser et les nouveaux produits promettent une plus grande rapidité de mise en œuvre et une efficacité accrue. La méthode la plus radicale consiste à poser une membrane d’étanchéité (en caoutchouc, en bitume ou en polyéthylène haute densité) le long des murs extérieurs sous le niveau du sol, ce qui oblige à décaisser le sol après avoir fait des saignées sur toute l’épaisseur. Il s’agit d’un système efficace mais long à réaliser.
Neutraliser la condensation
Dans la maison, l’humidité peut se présenter sous la forme de condensation, due à une mauvaise ventilation, à un système d’isolation mal étudié ou à un excès de chauffage. Une bonne isolation thermique, la pose de double-vitrages ainsi qu’un système de ventilation efficace peuvent éviter bien des désagréments. Pour remédier aux problèmes de condensation, vous pouvez toujours disposer çà et là de petits récipients contenant des sachets de produits hydrophiles à base de chlorure de calcium qui piègent l’humidité. Plus efficace que les sachets, un déshumidificateur mobile est un appareil qui extrait l’excédent d’eau dans l’air ambiant et régule le taux d’humidité. Il vous permettra aussi de faire des économies de chauffage, car l’air humide, est plus difficile à chauffer. Cependant, ces deux solutions ne règlent pas la cause du problème ! L’idéal pour maintenir un taux d’humidité optimal est d’installer un système de ventilation type VMI (Ventilation Mécanique par Insufflation) ou VMC (Ventilation Mécanique Contrôlée) qui facilite le renouvellement de l’air. La VMI prélève de l’air en toiture, en façade ou dans les combles, le filtre et le préchauffe dans un caisson dédié avant de l’insuffler en partie haute dans le logement. On parle de VMI centralisée s’il n’y a qu’une seule bouche de soufflage et de VMI décentralisée quand il y a plusieurs entrées d’air. L’air vicié, est extrait par les bouches d’aération des portes et des fenêtres.
Le choix d’une VMC, pour une performance accrue
La VMC (principalement double flux) se révèle indispensable dans les nouvelles constructions très étanches où il faut renouveler l’air à tout prix. Son fonctionnement repose sur un bloc extracteur d’air, des gaines d’évacuation reliées aux pièces humides par des bouches et des entrées d’air dans les pièces de vie, placées en hauteur, qui assurent le renouvellement de l’air. Dans le cas d’une VMC simple flux, le bloc est généralement situé au niveau de la toiture, dans les combles ou dans un faux plafond et relié à des gaines qui se terminent par des bouches d’extraction placées dans les pièces contenant un point d’eau. Les entrées d’air sont disposées au-dessus des fenêtres dans les pièces de vie, l’air frais émanant directement de l’extérieur. La VMC double flux ne requiert pas l’installation d’entrées d’air au-dessus des fenêtres et le bloc moteur comporte un échangeur thermique avec deux systèmes de gaines pour l’air entrant et l’air sortant. Ce système de double flux aspire l’air vicié intérieur pour le filtrer et récupère l’air frais à l’extérieur au moyen d’une autre gaine. L’air frais et neuf est ainsi mélangé à l’air vicié filtré, les calories étant récupérés sur l’air vicié pour préchauffer l’air réinjecté, le tout permettant d’importantes économies de chauffage. À simple ou double flux, la VMC peut être hygroréglable, c’est-à-dire qu’elle dispose de bouches d’aération autonomes et intelligentes, dotées d’un système de détection d’humidité qui leur permet d’aspirer automatiquement plus d’air quand vous prenez une douche, par exemple. Au contraire, quand l’air redevient sec, son clapet se referme petit à petit. Cette régulation, effectuée en fonction des besoins, évite les moisissures, mais aussi de sur-ventiler une pièce.
* Si votre maison a été construite après 1960, elle ne devrait pas présenter de problèmes de remontées capillaires puisque, dès le 1er janvier 1961, une première version du DTU 20.1 (document technique unifié) impose des coupures de capillarité à 15 cm au-dessus du niveau du sol le plus haut, soit par le biais d’une bande anti-capillarité, soit par un mortier d’imperméabilisation de 2 cm d’épaisseur sur la dalle.
À SAVOIR
Côté assurances
Dans la majeure partie des cas, les dommages causés par des problèmes d’humidité structurels (remontées capillaires, condensation…) sont exclus des clauses des contrats d’assurance habitation. Cependant, si vous constatez un problème de remontées capillaires par exemple, alors que votre maison a moins de 10 ans, vous pouvez tenter de faire jouer la garantie décennale. Il faut alors contacter votre assureur dommage-ouvrage, à défaut le constructeur et son assureur. Vous pouvez également contacter votre assurance multirisques dans l’espoir que celle-ci vous aide dans vos démarches (ne serait-ce que via la protection juridique si vous votre contrat l’inclut). Par ailleurs, l’ANAH (Agence Nationale de l’Habitat) peut parfois proposer des subventions pour aider à financer les travaux de rénovation nécessaires pour combattre l’humidité structurelle, surtout si vous êtes propriétaire d’un logement ancien.
CONSEILS
Des traitements à éviter
Masquer l’humidité sans traiter la cause est la pire des solutions. Il est par exemple inutile de cacher un mur abîmé en le recouvrant de lambris ou de panneaux muraux, même si vous y aménagez un passage, en haut et en bas, pour la circulation de l’air. Le problème ne sera pas résolu pour autant et cela risque même de l’aggraver, l’eau se retrouvant piégée dans le mur. En plus, en ventilant ce doublage, vous augmentez le taux hygrométrique et la température. Combinée à l’obscurité, cette situation ne fera qu’accroître le risque de développement de champignons et de micro-organismes malodorants. Idem à l’extérieur, les revêtements étanches n’ont jamais arrêté les remontées capillaires et les dégradations risquent de se déplacer plus haut.
Légendes photos
1 et 2
Les nouveaux modèles de déshumidificateurs sont équipés d’un écran digital, qui permet de personnaliser le niveau d’humidité souhaité dans chaque pièce. Ils peuvent aussi être programmés et s'arrêter automatiquement une fois le niveau d'humidité souhaité atteint. © TCL
3
Les kits d’injection avec mono composant prêt à l’emploi ont été spécialement développés pour le traitement des remontées capillaires dans pratiquement tous les types de murs maçonnés. Les formules concentrées avec environ 80% de matières actives donnent des résultats beaucoup plus efficaces que des produits à plus faible concentration. © Sika®
4
La VMC Simple Flux hygroréglable détecte l’excès d’humidité et ajuste le débit d’air en conséquence. © Autogyre
5
La VMC double flux présente un système d'extraction et d'insufflation motorisé avec échange thermique entre l'air vicié et l'air neuf qui permet de réaliser jusqu’à 14% d’économie sur la facture de chauffage ou de climatisation. © Autogyre
6 et 6 bis
Compact et silencieux (moins de 43 dB), les nouveaux déshumidificateurs sont parfaits pour des pièces jusqu’à 25 m². Un hygromètre intégré détecte l’humidité ambiante et déclenche l’appareil si nécessaire. L’air est filtré, déshumidifié et restitué à température ambiante, tandis que l’eau collectée est stockée dans un réservoir de 2 litres ou évacuée via une conduite de drainage. © Qlima
7
La VMC hygroréglable est un système de ventilation simple flux qui prend en compte le taux d’humidité relative de la pièce pour contrôler la ventilation. Son montage est facilité par ses quatre pattes de fixation qui lui permettent d’être positionnée en faux-plafond, au mur ou au sol. © Atlantic
8
L’injection des murs hors sol, avec une formule MSC+ (Microémulsion Silicones Concentrées), qui se transforme en polysiloxanes hydrophobes au contact de l’eau et qui forme une barrière étanche dans les murs tout en permettant une respiration contrôlée, représente une méthode efficace pour traiter les problèmes d’humidité ascensionnelle. © Murprotec
9
© Placo®