Le barème de l’impôt sur le revenu a été réévalué cette année en fonction de la hausse des prix pour 2022 estimée à 5,4 %. Le barème est donc le suivant.
Fraction de revenu imposable (pour une part) | Taux |
≤ 10 777 € | 0 % |
De 10 777 € à 27 478 € | 11 % |
De 27 478 € à 78 750 € | 30 % |
De 78 750 € à 168 994 € | 41 % |
> 168 994 € | 45 % |
Si les revenus de vos locations ne dépassent pas 15 000 € par an, vous relevez par principe du régime du micro-foncier. Simple, ce régime vous évite de remplir la déclaration de revenus fonciers. Il suffit de remplir dans la déclaration générale le montant des revenus et l’administration applique un abattement forfaitaire de 30 % représentatif des charges. Le seuil s’apprécie sur l’année et si vous n’avez loué qu’une partie de l’année, il n’y a pas lieu d’effectuer de prorata.
Ce régime ne permet donc pas de faire apparaître un déficit. Si vos charges excèdent 30 % des revenus, vous avez tout intérêt à opter pour le régime réel. Cochez la case revenu foncier dans la déclaration en ligne (ou remplissez la déclaration 2044 papier).
Enfin, si vous louez dans le cadre de certains régimes spécifiques, le micro-foncier est exclu (Cosse ancien, Besson, Robien, Borloo, Périssol, monuments historiques). Si vous louez via Loc’Avantages, le micro-foncier est également écarté.
Micro-foncier : simple mais sans faculté de déficit
Le régime réel est plus précis : il consiste à déclarer l’ensemble des revenus que vous tirez de vos biens immobiliers loués nus et le détail des charges qui s’y rapportent.
En voici un exemple (encadré).
Face à plusieurs impayés dès mai 2015, les bailleurs n’avaient réagi qu’en janvier 2016. Le juge estime que les bailleurs « n'ont pas accompli de diligences sérieuses […], ce retard s'expliquant notamment par les relations de confiance qui existaient au préalable entre le locataire et Mme L. Ainsi, M. et Mme L. doivent être regardés comme ayant consenti une libéralité à leur locataire en renonçant à percevoir les loyers, les sommes en cause étant alors réintégrées dans les revenus fonciers » (CAA Toulouse, 15 mai 2022, n° 19TL24279). |
Il est donc conseillé de conserver les pièces justificatives des démarches engagées pour obtenir le paiement : courriers recommandés ou actes d’huissier par exemple.
De façon générale, les charges pour être déductibles doivent avoir été effectivement payées en 2022, se rapporter à des biens procurant les revenus fonciers imposables, être justifiées et ne pas donner lieu à un autre avantage fiscal.
Par exemple, si des frais de réparation se rattachent à la fois à un bien loué et à un bien dont le propriétaire se réserve la jouissance mais qu’il n’établit pas que les dépenses de travaux dont il demande la déduction sont afférentes à l’appartement locatif, il ne peut les déduire (CE, 14 oct. 2022, n° 444458).
→ Équipement de cuisine. « L'achat et la pose d'équipements électroménagers d'une cuisine, de petits meubles de salle de bain et d'une antenne » ne sont pas des dépenses d’amélioration déductibles du revenu foncier (CE, 14 oct. 2022, n° 444458).
→ Vente d’immeuble à rénover. Dans ce type de contrat, l’acquéreur ne devient propriétaire du bien qu’à compter de l’achèvement des travaux y afférent. Il en résulte que « les travaux réalisés antérieurement au transfert de propriété, qui s'analysent en un élément du prix d'acquisition de l'immeuble, constitutif de dépenses en capital, ne peuvent être considérés comme des charges déductibles des revenus fonciers. » (CAA Bordeaux, 4 nov. 2021, n°19BX03720).
Les travaux de rénovation qui sont effectués par le vendeur ne sont pas déductibles par l’acquéreur.
→ Travaux assimilables à des travaux de reconstruction. Lors de la « création de six appartements en duplex par aménagement de combles et greniers et d'un appartement de 56 m² dans un local auparavant affecté à l'usage commercial et de boutique …, les seconds niveaux des appartements en duplex [étant] créés dans des greniers non aménagés », ces travaux n’ont pas été jugés déductibles même s’ils n’augmentent pas la surface de construction et ne modifient pas le gros-œuvre (CAA Versailles, 24 janvier 2023, n° 21VE00621).
→ Travaux de réhabilitation dans des locaux de bureaux. Des travaux qui consistaient en « un réaménagement intérieur avec redistribution de certains espaces par la démolition et création de cloisons, afin notamment de créer un coin repas et une salle de réunion » n’ont pas été jugés déductibles. Les travaux d’électricité et de peinture n’ont pas été admis non plus car ils étaient inclus dans une facture globale : « Les travaux de réhabilitation formant un tout indissociable avec les travaux de réaménagement, et l'ensemble ne pouvant être regardé comme des travaux de réparation et d'entretien » (CA Versailles, 20 février 2023, n° 21/VE01133).
Prudence
Ces décisions invitent à la prudence.
|
Déductions spécifiques
Régime fiscal | Secteur | Déduction spécifique |
Besson ancien |
| 26 % |
Borloo ancien avec convention Anah | Secteur intermédiaire | 30 % |
Secteur social | 45 % (convention avant le 28 mars 2009) | |
60 % (convention depuis le 28 mars 2009) | ||
Avec intermédiation locative | 70 % (certaines zones) | |
Cosse avec convention Anah | Secteur intermédiaire | 15 % zone B2 |
30 % zone A bis, A ou B1 | ||
Secteur social ou très social | 50 % zone B2 | |
70 % zones A bis A ou B1 | ||
Secteur social ou très social avec travaux | 50 % zone C | |
Avec intermédiation locative | 85 % toutes zones |
→ Premier temps. Vous devez déduire de vos revenus fonciers (ligne 229) les provisions que vous avez versées au syndic en 2022 pour les dépenses courantes et les travaux. Cette déduction ne dépend pas de l’usage qui a été fait des sommes versées. En revanche, les provisions au titre du fonds travaux ne sont pas déductibles. Les dépenses correspondant à ces travaux seront déductibles lorsqu’elles seront payées au titre de travaux effectués.
→ Second temps. Vous devez régulariser les provisions 2021 qui ont été déduites en 2022 (ligne 230). En effet, les provisions comportent pour partie des dépenses déductibles et pour partie des dépenses non déductibles. Il faut donc réintégrer dans les revenus imposables la part des provisions qui ont été déduites en 2022 au titre des revenus de 2021 mais qui ne correspondent pas à des dépenses déductibles.
Il faut également tenir compte de la régularisation du solde. Si le solde est négatif et que vous avez donc eu à payer un complément de provision, il est déductible. Si, au contraire, le solde est positif et que vous avez bénéficié d’un remboursement (ou que la somme a été imputée sur l’appel de charges du début de l’année suivante), il doit être ajouté aux revenus fonciers perçus en 2022.
Loc’Avantages : une réduction d’impôt a remplacé la déduction forfaitaire
Chaque régime fiscal ayant son régime propre, on évoquera ici seulement le dernier en date, Loc’Avantages. Ce régime a succédé au régime Cosse et il se présente sous la forme d’une réduction d’impôt et non plus d’une déduction forfaitaire. Il suppose une convention avec l’Anah signée entre le 1er mars 2022 et le 31 décembre 2024. Si vous avez conclu une telle convention en 2022, vous devez joindre à votre déclaration une copie de la convention ainsi qu’une copie du bail et de l’avis d’imposition du locataire. Le taux de la réduction d’impôt est compris entre 15 % et 65 % suivant les secteurs.
Pour chaque bien que vous donnez en location, vous pouvez constater un excédent ou un déficit. Ils se compensent. Si le résultat est déficitaire, vous pouvez déduire ce déficit foncier de l’ensemble de vos revenus à hauteur de 10700 euros.
Toutefois, pour certains biens, loués sous le régime Cosse ou Périssol, le plafond est porté à 15300 €.
Nouveau : incitation à rénover les passoires thermiques La loi du 1er décembre 2022 a institué une règle spécifique pour les logements faisant l’objet de travaux de rénovation énergétique : si le logement passe d’une classe E, F ou G à une classe A, B, C ou D, au plus tard fin 2025, la limite de 10 700 € est portée à 21 400 €. Les dépenses doivent avoir fait l’objet d’un devis accepté à compter du 5 décembre 2022 et les travaux payés entre le 1er janvier 2023 et le 31 décembre 2025. En pratique : il est hautement recommandé de faire un DPE avant travaux et un DPE après travaux pour attester du changement de classe énergétique du logement, pour éviter toute remise en cause de la majoration de déficit. |
La part de déficit qui excède ces plafonds n’est pas perdue : elle est reportable sur les revenus fonciers des années ultérieures, pendant 10 ans.
Attention : pour éviter une remise en cause de l’imputation sur les revenus globaux, le bailleur doit poursuivre la location pendant trois ans, soit jusqu’au 31 décembre de la 3e année qui suit l’imputation.
Enfin, les intérêts d’emprunt font l’objet d’un traitement particulier : la part des déficits qui résulte des intérêts d’emprunt n’est déductible que des revenus fonciers mais non des revenus globaux. Il faut donc comparer le montant des intérêts d’emprunt avec celui des recettes brutes.
Exemple : limitation de la déduction des intérêts d’emprunt
Loyers | 6000 € |
Intérêts d’emprunt | 8000 € |
Autres charges | 7500 € |
Déficit | -9500 € |
Imputation du déficit | -7500 € -2000 € |
Les monuments historiques font l’objet d’un traitement plus favorable.
Ils peuvent donner lieu à des déficits imputables sur le revenu global. Ils concernent principalement les monuments historiques classés ou inscrits et les immeubles ayant obtenu le label de la Fondation du patrimoine. Il faut s’être engagé à le conserver pendant 15 ans, le détenir en direct (sauf s’il a été acquis avant 2009) ou par une SCI familiale et ne pas l’avoir mis en copropriété (depuis 2009). Deux cas sont à distinguer.
Si vous relevez du micro-foncier, il suffit de remplir la case correspondante 4BE dans la déclaration générale 2042. Pour le régime réel, il faut renseigner la déclaration 2044. Une déclaration spéciale (2044 S) s’impose dans les cas où un immeuble fait l’objet d’amortissement ou de déduction spécifique.
Pour les meublés, vous devez déclarer les revenus dans les cases 5ND à 5PJ de la déclaration pour les loueurs non professionnels. Pour les professionnels, il s’agit des cases 5KO à 5MO pour les meublés de tourisme et chambres d’hôtes, ou 5KP à 5MP pour les autres meublés et les cases 5HY à JY pour les prélèvements sociaux.
Considérées comme une activité commerciale, les locations meublées relèvent du régime des bénéfices industriels et commerciaux (BIC) et sont moins imposées.
Deux situations font l’objet d’exonération.
De façon comparable aux locations nues, les locations meublées peuvent être imposées suivant un régime forfaitaire (micro-BIC) ou au régime réel.
Le micro-BIC, des abattements avantageux
Le micro-BIC suppose de ne pas dépasser l’un ou l’autre des deux plafonds suivants (tableau).
Les plafonds seront majorés à compter de 2023.
Plafonds du micro-BIC
Locations concernées | Régime fiscal 2022 | Régime fiscal 2023 |
- Cas général : location de locaux à usage de résidence principale ou secondaire du locataire | Plafond de 72 600 € Taux d’abattement de 50 % | Plafond de 77 700 € Taux d’abattement de 50 % |
- Meublés de tourisme - Chambres d’hôtes - Gîtes ruraux classés meublés de tourisme | Plafond de 176 200 € Taux d’abattement de 71 % | Plafond de 188 700 € Taux d’abattement de 71 % |
Ces abattements permettent donc d’amoindrir la charge fiscale. Ils sont au minimum d’un montant de 305 €.
Le régime réel s’applique si vous dépassez les plafonds mentionnés ci-dessus ou si vous l’adoptez par option. Son avantage est de pouvoir déduire toutes les charges et d’amortir les biens, mais il suppose de tenir une comptabilité détaillée comme pour une entreprise.
Vous pouvez déduire les charges réelles : primes d’assurance, dépenses d’eau ou d’électricité qui sont à votre charge, réparations, frais d’acquisition, intérêts d’emprunt, cotisations sociales, impôts à votre charge.
Vous pouvez également déduire l’amortissement du bien. La durée d’amortissement usuelle est de 50 ans pour les immeubles (2 % par an) et de 7 à 10 ans pour les meubles. Des provisions par exemple en cas de litige avec le locataire sont aussi déductibles.
Les déficits, pour les loueurs non professionnels, sont imputables sur les autres bénéfices non professionnels des locations meublées de l’année ou des 10 années suivantes.
En revanche, les déficits des loueurs professionnels sont déductibles de votre revenu global et si besoin sur le revenu global des 6 années suivantes.
Pour être qualifié de loueur professionnel, il faut que les recettes annuelles des locations meublées dépassent 23000 € et qu’elles soient supérieures aux autres revenus du foyer.
L’IFI
L’impôt sur la fortune immobilière fait désormais partie de la déclaration générale des revenus. Si vous dépassez le seuil imposable de 1,3 million d’euros, vous devez remplir les données correspondantes (case IFI à la rubrique divers) ou la déclaration papier n°2042-IFI.
Le seuil d’imposition n’a pas été modifié cette année. Si votre patrimoine immobilier dépasse 1,3 million d’euros, il sera imposé à partir du barème suivant. Rappelons que lorsque le patrimoine devient imposable (1,3 M€), l’impôt est calculé dès 800 000 euros.
Barème de l’IFI
Fraction de patrimoine | Taux |
≤ 800 000 € | 0 % |
De 800 001 € à 1 300 000 € | 0,50 % |
De 1 300 001 € à 2 570 000 € | 0,70 % |
De 2 570 001 € à 5 000 000 € | 1 % |
De 5 000 001 € à 10 000 000 € | 1,25 % |
> 10 000 000 € | 1,50 % |
Les biens imposables sont vos biens immobiliers, situés en France ou à l’étranger. Il s’agit des biens bâtis ou non, quel que soit leur usage (logements, locaux industriels ou commerciaux…) et leur affectation (loués ou réservés à votre propre usage).
Il faut également déclarer les titres de sociétés pour la fraction immobilière de leur patrimoine. Sont toutefois exclus les immeubles qui sont affectés à l’activité opérationnelle de la société, c’est-à-dire ceux qu’elle détient pour l’exercice de son activité propre.
Par exception, si vous détenez moins de 10 % de la société, ces titres échappent à l’imposition.
Par ailleurs, pour certains organismes de placement collectif, si vous en détenez moins de 10 %, les parts ou actions ne sont pas imposables (et si l’actif de l’organisme comporte moins de 20 % de biens immobiliers imposables).
Quant aux actions des sociétés d’investissement immobilier cotées (SIIC), elles bénéficient d’un régime particulier : si vous détenez moins de 5 % du capital, votre participation n’est pas imposable.
Enfin, les actifs professionnels que vous utilisez pour votre activité professionnelle sont exonérés. Il en est de même si vous détenez des immeubles que vous affectez à l’activité d’une société dans laquelle vous exercez votre activité principale (si vous êtes associé d’une société soumise à l’impôt sur le revenu) ou dont vous êtes le dirigeant (société soumise à l’impôt sur les sociétés).
Les parts de groupements fonciers agricoles (GFA), les biens ruraux donnés à bail à long terme ou par bail cessible sont exonérés en totalité si le bail est consenti à certains membres du groupe familial et si le preneur utilise le bien pour sa profession principale.
A défaut, l’exonération est limitée à 75 % de leur valeur (jusqu’à 101 897 €) et à 50 % au-delà.
Les bois et forêts et parts de groupements forestiers sont exonérés à hauteur des trois quarts de leur valeur sous condition notamment de garantie de gestion durable.
Seul le patrimoine net étant imposable, vous pouvez déduire les dettes. Il s’agit des dettes évaluées au 1er janvier 2023 et se rapportant à un élément du patrimoine taxable. Si la dette se rapporte à un bien partiellement imposable, elle n’est déductible qu’à hauteur de la même proportion.
Les dettes déductibles sont plafonnées si vous disposez d’un patrimoine taxable de plus de 5 M€. Le montant des dettes qui dépasse 60 % de la valeur du patrimoine taxable est réduit de 50 %.
Les biens doivent être évalués en fonction de leur valeur au 1er janvier 2023.
Les titres cotés sont évalués selon leur cotation au 1er janvier.
Les résidences principales font l’objet d’un abattement de 30 %.
Pour les immeubles loués, vous pouvez tenir compte d’un abattement lié au statut d’occupation. Le taux de décote admissible varie de 10 % à 40 % suivant la nature de l’occupation.
Les biens en indivision, réputés moins liquides, peuvent aussi être affectés d’une décote.
Pour les biens dont la propriété est démembrée, seul l’usufruitier est imposable, pour la valeur totale de l’immeuble, le nu-propriétaire n’est pas imposable.
En matière d’évaluation, la difficulté est de trouver la juste valeur à déclarer. Il faut éviter tout autant de surévaluer un bien, ce qui majore la base imposable, que de le sous-évaluer, ce qui peut susciter une contestation de l’administration fiscale.
Vous pouvez trouver de nombreuses règles d’évaluation dans le guide sur l’évaluation des entreprises et des titres de société, en ligne sur le site de l’administration fiscale.
Consultez le site DVF pour avoir des références officielles de transactions
Quelques rappels ou conseils pratiques.
Les immeubles peuvent être évalués de diverses manières :
Un terrain non bâti constructible doit être évalué en fonction des mutations de mêmes biens dans le secteur. Il faut donc intégrer la majoration de valeur que produit la faculté de construire, avec des équipements en réseaux comparables.
Le classement énergétique tend à prendre davantage d’impact sur la valeur d’un bien, notamment locatif. Un bien classé F ou G, peut donc être affecté d’une décote par rapport à un bien mieux classé.
Dates limites d’envoi des déclarations
Les dates limites (à 23 h 59) d’envoi des déclarations de revenus (2) sont fixées par zones | ||
Déclarations en ligne | Zone 1 (départements 01 à 19 et non-résidents) | 25 mai 2023 |
Zone 2 (départements 20 à 54) | 1er juin 2023 | |
Zone 3 (départements n° 55 à 974/976) | 8 juin 2023 | |
Déclarations papier (1) | Toutes zones | 22 mai 2023 |
Source : 25 millions de propriétaires et vous • N°572 - avril 2023