Clameur doit être un observatoire incontestable

Olivier Nivault
Président de CLAMEUR

Olivier Nivault, directeur général adjoint de Crédit Agricole Immobilier et président de Plurience1 est le nouveau président de l’observatoire Clameur. Il nous présente les objectifs de sa présidence.

Quels sont vos objectifs en devenant président de Clameur ?

En accédant à la présidence de Clameur, mon premier objectif était de mettre fin à la suspension des conférences de presse de présentation des résultats de Clameur de ces derniers mois. Au-delà, je souhaite prolonger l’excellent travail de mes prédécesseurs qui a permis depuis vingt ans de créer un outil remarquable. Pour ce faire, je veux élargir la base de collecte des informations. Enfin, je souhaite, en étroite coordination avec Michel Mouillart, faire évoluer et fiabiliser les bases de données.

Ces bases ont maintenant été créées depuis longtemps et il convient de les adapter pour permettre d’obtenir des analyses plus fines et plus pertinentes. Ces bases doivent être parfaitement incontestables tant de la part des médias, des pouvoirs publics que des contributeurs.

Clameur a deux vocations ; d’une part créer une base d’analyse du marché la plus fiable et la plus performante possible et d’autre part mettre à disposition de ses contributeurs un outil qui leur rende un service performant.

Clameur doit-il s’ouvrir à de nouveaux partenaires ?

Mes prédécesseurs ont fait un travail de qualité et Clameur rassemble la grande majorité des grands réseaux. Mais il faut poursuivre ce travail et élargir les partenaires de l’observatoire. Nous avons des discussions avancées avec Action Logement pour qu’il rejoigne Clameur, et cet acteur représente 800 000 logements.

Tout ce travail vise à faire de Clameur un observatoire incontournable et partagé.

Venant du monde de la finance, je suis frappé que le secteur immobilier souffre d’une insuffisance de données fiables, ce qui est préjudiciable à tous les métiers, qu’il s’agisse de la gestion locative, de la copropriété ou de la transaction.

On constate d’ailleurs actuellement, grâce aux premières synthèses qui sont rendues possibles par l’immatriculation des copropriétés, que les chiffres qui étaient jusqu’à présent diffusés étaient erronés.

Comment positionner Clameur face à la question de l’encadrement des loyers ?

Demain, Clameur doit pouvoir s’imposer comme un observatoire des loyers pour l’ensemble des parties prenantes, pouvoirs publics, bailleurs et profession- nels. Il faut pour cela constituer une large base sur tous les territoires et comprenant tous les types de biens. Ainsi une base qui soit certifiée de façon incontestable permettra aux professionnels et aux bailleurs de pouvoir faire face à des affirmations empiriques ou démagogiques.

S’agissant de la politique d’encadrement des loyers, à ce jour, personne n’a démontré que l’encadrement des loyers avait des effets vertueux pour le locataire. Il faut donc poursuivre les recherches en s’appuyant sur des données incontestables.

De plus, il existe de trop nombreux observatoires (Fnaim, Olap, Anil...) et la dissémination de la collecte de données crée une regrettable déperdition d’énergies. Je souhaite faire

partager cette vision de Clameur pour qu’il soit reconnu comme un observatoire national des loyers.

Estimez-vous nécessaire d’obtenir à cet effet un agrément officiel ?

Nous avons des contacts avec le ministère de la Cohésion des territoires où Clameur est bien connu. Mais, afin qu’il soit parfaitement reconnu, il faut rassurer les pouvoirs publics sur la qualité de nos travaux. On peut imaginer à terme que cette reconnaissance soit confirmée ou certifiée par un organisme extérieur, de même que les statistiques notariales des prix des logements ont reçu une caution scientifique de l’Insee.

Michel Mouillart et mes prédécesseurs ont fait un travail remarquable, il faut franchir une étape de plus.

Faudrait-il également associer des représentants des locataires ?

C’est une question qu’il faudra examiner à terme mais la priorité est d’assurer une stabilité technique des outils. Clameur a été créé il y a vingt ans, il est aujourd’hui nécessaire de faire progresser la manière de stockage et de traitement des données.

Clameur pourra-t-il étendre son investigation des loyers aux charges ?

L’analyse des statistiques de charges répondrait à une attente des professionnels ; il faudra y parvenir. Mais cela suppose au préalable une vraie réflexion sur la méthode, car cela suscite de nombreuses questions par exemple sur l’estimation des charges de copropriété. De plus, Clameur reste une structure associative dont les moyens sont limités et qui doit régler les problèmes les uns après les autres.

Clameur est un outil commun qui doit être au service de tous et tous doivent y contribuer. Je souhaite faire partager cette vision d’abord au conseil d’administration de Clameur avec Michel Mouillart, puis à tous nos interlocuteurs.


1 L’association Plurience regroupe 12 acteurs majeurs de la transaction et de la gestion immobilière, dont Crédit Agricole Immobilier. Elle est membre de Clameur.